NOTES
Démagogues aussi, à ce compte, Chaudon et Delandine qui écrivent à l'article PHILIPPE II: « Un grand événement de sa vie domestique, est la mort de son fils Don CARLOS. Personne ne sait comment mourut ce prince. Son corps qui est dans le tombeau de l'Escurial, y est séparé de sa tête; mais on prétend que cette tête n'est séparée que parce que la caisse de plomb qui renferme le corps est en effet trop petite. On ne connoît pas plus les détails de son crime que son genre de mort. Il n'est ni prouvé ni vraisemblable, que Philippe II l'ait fait condamner par l'Inquisition. Tout ce qu'on sait, c'est qu'en 1568 son père ayant, dit-on, découvert qu'il avoit des intelligences avec les Hollandois ses ennemis, vint l'arrêter lui-même dans sa chambre. Il écrivit en même temps au pape Pie V pour lui rendre compte de l'emprisonnement de son fils; et dans sa lettre à ce pontife du 20 janvier 1568, il dit que dès sa plus tendre jeunesse, la force d'un naturel vicieux a étouffé, dans Don CARLOS toutes les instructions paternelles. » En outre, à l'article CARLOS: « [...] Philippe, [...] résolut de s'assurer de sa personne. [...] Le roi entra, pendant la nuit, dans la chambre de Don Carlos. Le malheureux prince dormoit si profondément, que le comte de Lerme put ôter, sans l'éveiller, les pistolets qu'il tenoit sous son chevet. Il alla s'asseoir ensuite sur le coffre où étoient les armes à feu. Le prince ayant été éveillé avec peine, s'écria qu'il étoit mort: le roi lui dit, que tout ce qu'on faisoit étoit pour son bien. Mais Don Carlos, voyant qu'il se saisissoit d'une cassette pleine de papiers qui étoit sous son lit, entra dans un désespoir si furieux, qu'il se jeta tout nu dans un brasier que ses gens avoient laissé allumé dans la cheminée, à cause du froid extrême qu'il faisoit alors. Il fallut l'en tirer de force, & il parut inconsolable de n'avoir pas eu le temps de s'y étouffer. On démeubla d'abord sa chambre, & pour tout meuble on n'y laissa qu'un méchant matelas à terre. Aucun de ses officiers ne parut depuis en sa présence. On lui fit prendre un habit de deuil; il ne fut plus servi que par des hommes vêtus de même. Le roi ayant vu ses desseins & ses intelligences par les papiers dont il s'étoit saisi, lui fit faire son procès; & il fut, dit-on, condamné à mort. On prétend qu'il se fit ouvrir les veines dans un bain; d'autres disent qu'il fut empoisonné ou étranglé. On place sa mort au 14 juillet 1568. Quelques auteurs ont cru que Philippe s'étoit porté a cette dure extrémité par un transport de jalousie. On dit qu'il découvrit que le prince aimoit & était aimé de la reine Elisabeth qui lui étoit destinée, & que son père avoit prise pour lui-même. Ce qu'il y a de certain, c'est que cette princesse mourut peu de temps après. »
C'est la quatrième fois que ce même article du Dictionnaire de Chaudon et Delandine est mis à contribution: voir en I, 1, 2, 7 et les notes à « compléta Henri VI » à « il fit Macbeth » et à « Cymbeline et Richard III »